Stop aux « spectacles » d’oiseaux sauvages !

Sur le programme d’été 2022 des animations de la Ville de Chambéry figure l’intervention d’un fauconnier. 
Notre association a demandé des précisions à la mairie quant à la tenue de ce « spectacle » en tout point contraire au bien-être animal et en rappelle les principales problématiques. Mise à jour : suite à notre interpellation, la mairie de Chambéry a confirmé avoir annulé ce « spectacle » initialement prévu en septembre 2022.

Des oiseaux privés de leur liberté

La fauconnerie, si elle est considérée traditionnellement comme un « art noble », et n’est pas sensée exposer « ses » animaux en public, est pourtant très problématique. Dans une fauconnerie, l’animal ne vole pas : on le fait voler. Il ne vole pas quand il le souhaite, mais quand son propriétaire le lui permet. Il ne mange pas quand il le souhaite, mais il chasse pour son propriétaire, ce qui change d’ailleurs son rapport à la proie. Être fauconnier c’est nécessairement rendre dépendants des rapaces qui auraient dû être libres et autonomes. 

 

Liste de raisons de ne pas faire, ni assister, aux démonstrations de rapaces

D’après l’argumentaire de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux

Les démonstrations d’oiseaux constituent une atteinte évidente à leur bien-être :

  • L’immobilité de l’oiseau sur un piquet avec des chaînes de 50 cm, pendant des heures.
  • Le changement de comportement des diurnes en nocturnes et vice et versa.
  • Le transport traumatisant et des heures d’attente dans des véhicules parfois surchauffés.
  • Le travail excessif demandé avec une montée de leur température interne à des valeurs inacceptables.
  • L’agression auditive des foules et de tout autre bruit. La mauvaise information aux jeunes qui ne comprennent pas toujours que ce type d’oiseau a des besoins particuliers.
  • La perte d’un de ces oiseaux dans la nature risque de condamner l’oiseau ou de faire apparaitre une espèce exotique
  • Le commerce illégal de ces oiseaux, prélevé dans la nature (dans les élevages, ces oiseaux ont un prix élevé).

Enfermement et entraves

Les rapaces détenus en captivité sont enfermés dans des volières. Lors des démonstrations, et même en-dehors de ces périodes, il est fréquent que les fauconniers ajoutent à cette détention une souffrance supplémentaire, à savoir l’attachement de leurs oiseaux à un perchoir. Dans les foires médiévales, il n’est pas rare de voir les rapaces exposés à la foule, les pattes attachées à leur perchoir, pendant tout un après-midi. Leurs pattes sont attachées l’une à l’autre, réduisant encore leurs possibilités de mouvement.

L’enfermement et l’impossibilité de se mouvoir sont des atteintes au bien-être et peuvent avoir de lourdes conséquences sur l’état physique et comportemental de l’animal.

Problèmes de comportement

Le premier problème constaté est un stress intense causé notamment par la présence de l’homme. Un des comportements provoqués par ce stress est le fait de se jeter contre les parois des cages, ce qui peut provoquer des blessures, dont une blessure typique sur le bec, que l’on retrouve souvent chez les rapaces sauvages mis en volière. Le stress, particulièrement exacerbé chez les oiseaux capturés dans la nature n’ayant pas l’habitude de l’homme, peut également être responsable d’une immunosuppression et d’un manque d’appétit.

Capuchons

L’usage de capuchons recouvrant la tête de l’animal est très répandu. Le but de ces capuchons est de calmer les rapaces en les aveuglant, ce qui les rend plus dociles. Ces capuchons sont souvent décorés et jouent donc également un rôle ‘esthétique’. Ils sont surtout utilisés lors du transport de l’animal. Si cet usage est, et a toujours été, répandu en fauconnerie, il n’en est pas moins condamnable. Nous considérons en effet que priver un animal d’un de ses sens pendant une période plus ou moins longue est une atteinte à son bien-être. Le faire dans le but d’amuser les foules nous semble constituer une souffrance inutile pour l’oiseau.

Oiseaux nocturnes exposés le jour

Il n’est pas rare que des rapaces nocturnes (Chouettes, Grands-Ducs, …) soient utilisés lors de démonstrations se passant en pleine journée. Ces oiseaux sont exposés, en plein après-midi, sans possibilité de se cacher pour échapper à la lumière. Or, en tant qu’espèces nocturnes, ces oiseaux sont particulièrement sensibles à la lumière qui les éblouit. Il s’agit là d’une atteinte claire aux besoins éthologiques de base d’un animal et donc d’une violation inacceptable du bien-être de ces oiseaux. En forçant un animal nocturne à être actif pendant la journée, on bouscule en effet complètement son rythme biologique sans compter l’inconfort infligé par l’éblouissement dû à la lumière. Des chouettes recueillies dans un centre de revalidation étaient ainsi déphasées, restaient éveillées toute la journée et dormaient pendant la nuit.

Des conditions stressantes

Les démonstrations de rapaces ayant lieu à l’extérieur impliquent que les oiseaux doivent être transportés, parfois sur de longues distances. D’autre part, les endroits dans lesquelles elles ont lieu (marchés, foires, brocantes) sont particulièrement bruyants et les oiseaux y sont confrontés à un va et vient de passants, parfois d’animaux (chiens).

Un engouement dangereux

Les démonstrations de rapaces fascinent les grands comme les petits. L’engouement suscité par ces démonstrations est d’ailleurs une des raisons de leur danger. En effet, de nombreuses personnes ayant assisté à un de ces shows désirent par la suite acquérir un oiseau. La façon dont ces shows sont présentés n’y est pas étrangère. Ces démonstrations montrent nous semble-t-il davantage le côté ‘interaction avec l’homme’ que le côté ‘animal sauvage’ de l’oiseau, et c’est malheureusement surtout cette image qui est retenue par le public.

Un message pédagogique inexistant

Un argument souvent cité par les pseudo-fauconniers pour justifier les démonstrations est qu’elles permettent au public de mieux connaître les rapaces, leurs mœurs et de lutter ainsi contre les préjugés entourant ces oiseaux. Cet argument est sans aucun fondement. Les démonstrations de rapaces sont, en effet, bien plus proches du cirque que des observations d’oiseaux sur le terrain. Nous ne voyons pas comment l’exhibition d’un animal, dans un contexte sans rapport avec son environnement naturel, pourrait permettre d’apprendre quoi que ce soit sur ses mœurs. Même si certaines de ces démonstrations sont accompagnées de commentaires relatant certains aspects de la vie des oiseaux de proie, il est douteux que cela suffise pour informer le public qui, en outre, est bien plus absorbé par la démonstration en elle-même que par lesdits commentaires. Nous pensons que la mise en scène d’un animal par l’homme, et c’est bien ce dont il s’agit ici, est en complète opposition avec une quelconque volonté pédagogique vis-à-vis de la vie et des comportements naturels de l’animal. Lors de ces exhibitions, le public peut souvent toucher les animaux, les caresser, ce qui est à l’opposé d’une éducation à la nature rationnelle et de qualité.

Les rapaces qui s’échappent: des conséquences importantes

Les problèmes posés par les rapaces qui échappent au contrôle de leur maître sont de plusieurs types: d’une part, certains oiseaux élevés en captivité et n’ayant parfois jamais appris à chasser, ont de nombreuses chances de mourir s’ils se retrouvent dans la nature. D’autre part, ces oiseaux de proie peuvent constituer un problème de sécurité. Enfin, ils peuvent avoir un impact non négligeable et imprévisible sur la faune locale.