A l’approche des étapes alpines, l’Association Justice Animaux Savoie (AJAS) alerte sur l’absence d’éthique d’une caravane publicitaire aux mains des lobbies de l’élevage intensif et de la malbouffe industrielle.
On ne le présente plus : fournisseur officiel du Tour de France, l’industriel de la charcuterie Cochonou, filiale du géant espagnol Campofio, a réussi, grâce à son partenariat de longue date, à se donner une image authentique et populaire à grand renfort de distribution de saucissons sur-emballés et autres milliers de bobs et goodies à l’impact environnemental désastreux. Un joli coup de communication qui parvient même à faire oublier que toute cette charcuterie industrielle est issue de cochons détenus dans des
élevages intensifs surpeuplés – les règles en vigueur fixent moins d’un mètre carré pour un cochon de 100kg – que, trop souvent, les animaux sont encore castrés et ont la queue coupée sans anesthésie, ce qui constitue une violation de la réglementation européenne sur le bien-être des porcs en élevage.
Cochonou n’est pas le seul partenaire problématique du Tour de France. Cela fait plusieurs mois désormais que les ONG de protection animale épinglent la marque Le Gaulois pour les conditions de vie insoutenables des poulets qui fournissent la marque. Sélectionnés génétiquement pour grossir
anormalement vite, enfermés à vie dans des bâtiments insalubres, entassés à 22 par m2 et tués à la chaîne au bout de 35 jours seulement : les poulets de Le Gaulois subissent de terribles pratiques mais les organisateurs du Tour semblent fermer les yeux. Le partenariat a d’ailleurs récemment fait l’objet d’un renouvellement jusqu’en 2025.
C’est bien cette dynamique vers toujours plus de greenwashing et de maltraitance animale qui pose question… Ainsi, pour la première fois cette année, le tout puissant et très controversé syndicat de l’agriculture intensive, la FNSEA, aura sa place dans la caravane du Tour. Cela faisait un petit moment que le lobby lorgnait sur cet évènement populaire et multipliait ces tentatives d’approches pour moderniser son image. 2022 marque l’achèvement de cette entreprise de séduction puisque la FNSEA
intègre officiellement la caravane du Tour pour redorer son image auprès des jeunes. Devant les enjeux majeurs qui se posent au monde agricole aujourd’hui, et notamment celui du tournant écologique, la FNSEA privilégie l’investissement de sommes folles dans des opérations de marketing visant à promouvoir l’agriculture (industrielle) française et maintenir le statu quo plutôt que d’entamer le tournant de la transition des modes de production vers un modèle plus durable.
Le Tour de France est un événement populaire et la caravane fait partie de cet imaginaire joyeux et festif.
Mais ne serait-il pas possible de perpétuer cette aventure populaire en fixant quelques critères éthiques de base ? A l’heure où de plus en plus de manifestations sportives s’interrogent sur leur impact environnemental et sociétal, il serait grand temps que l’évènement sportif national numéro 1 adopte un minimum de réflexes éco responsables ! Le Tour de France dispose d’une audience et d’un impact énorme dans l’imaginaire national et, n’en déplaise aux organisateurs, cela lui donne des obligations morales. Il serait désormais grand temps, pour la caravane, de poursuivre sa route sans ces industries peu scrupuleuses de l’environnement, des hommes et des animaux.
(Photo non contractuelle)