Notre association de protection animale savoyarde est de plus en plus attaquée, sur les réseaux sociaux, accusée de ne pas agir auprès des éleveurs dans le cadre de l’épidémie de dermatose nodulaire bovine (DNC).

Il semble donc important de rappeler le contexte ainsi que notre positionnement.

Afin de limiter la propagation de la DNC, maladie contagieuse entre vaches, l’État a décidé l’abattage systématique de tout le troupeau dès qu’un animal est déclaré malade. Cette situation est évidemment choquante puisque des vaches saines sont abattues, et nous dénonçons que des solutions alternatives soient peu considérées et mises en place pour éviter ces abattages anticipés. Cette “gestion” est tristement représentative de la considération que notre société a pour les animaux de façon générale puisqu’ils sont vus comme des commodités et non comme des êtres sensibles.

Alors, pourquoi l’AJAS ne manifeste-t-elle pas aux côtés des éleveurs pour éviter que les vaches ne soient abattues ? Tout simplement parce que, dermatose ou pas, les vaches seront quand même abattues.
Cette crise n’est pas une question animaliste : c’est une crise professionnelle et syndicale. Les éleveurs font pression sur le gouvernement pour obtenir un maximum d’aides et d’indemnités et/ou pour obtenir un sursis pour leurs vaches et ils sont totalement dans leur droit. Mais pour les animaux, cela ne fait pas une vraie différence. Que les vaches soient tuées par un vétérinaire dans l’élevage ou quelques semaines plus tard dans un abattoir revient au même pour l’individu concerné : un animal en pleine force de l’âge va mourir.

Pourquoi les vaches vont mourir dans tous les cas ?

En France il y a deux filières : la filière viande ou la filière laitière. Dans le premier cas, les animaux sont abattus très jeune, à 6 mois en moyenne alors que l’espérance de vie d’une vache est de 20 ans. Dans la filière laitière, les animaux sont abattus plus tard, vers 8 ans (au lieu de 20 donc). Huit années durant lesquelles les vaches sont inséminées à répétition et leurs veaux leur sont arrachés à la naissance et placés dans une sorte d’igloo en plastique sans accès à un peu de paille avant d’être eux-mêmes abattus. Ce système n’est pas acceptable, et nous n’allons pas manifester pour qu’il continue.

Si nous avions l’assurance que ces animaux ne seraient jamais tués et seraient placés dans des sanctuaires pour y couler des jours paisibles, sans exploitation, alors oui, nous manifesterions pour les sauver. Mais évidemment, ce n’est pas le cas, et ils seront abattus de toute façon prématurément. Aujourd’hui, 100 % des animaux d’élevage, dermatose ou non, subissent le même sort : ils sont tués alors qu’ils sont sains, pour la consommation humaine.

Cette crise met en évidence la dissonance cognitive à laquelle nous faisons face. On nous propose de manifester pour sauver des animaux qui vont être abattus quelques semaines plus tard pour notre propre plaisir gustatif. Il est absurde de demander de ne pas tuer d’animaux tout en les mangeant. La véritable solution pour sauver des animaux d’une mort prématurée passe par la végétalisation de notre alimentation et de notre agriculture.

C’est pour cela que l’AJAS est une association antispéciste et mène de nombreuses actions pour végétaliser l’alimentation : dégustations d’alternatives végétales, action en justice pour davantage de menus végé dans les cantines, record du monde de la plus grosse tartiflette vegan, course à pied 100% vegan, etc. 

Notre combat est clair depuis notre création : aucun animal ne devrait être abattu pour la consommation humaine car les animaux sont des êtres sensibles qui veulent vivre.

En résumé : que les éleveurs demandent plus d’aides ou quelques jours de sursis pour leurs vaches, c’est compréhensible. Mais en tant qu’animalistes, ce n’est pas notre combat. Notre combat, c’est que plus aucune vache ne soit abattue. Et pour cela, la seule solution est de végétaliser notre alimentation et notre système agricole. Et la bonne nouvelle c’est que nous n’avons pas besoin de manifester pour agir, il suffit d’arrêter de manger des animaux pour les sauver.